UX Designer chez BlaBlaCar

En 2014, lors de mon Master en Architecture de l’Information à l’ENS, j’ai eu l’occasion d’organiser une rencontre avec BlaBlaCar. J’ai à la suite de cette rencontre rédigé un article à partir de l’interview que nous avons menée. Il a été publié sur la plateforme hypothèses.

 

Le rendez-vous

Photo des locaux de BlaBlaCar

Le mercredi 19 novembre, nous étions une petite équipe partie à la rencontre de la célèbre entreprise de covoiturage BlaBlaCar.

Nous nous sommes rendus à Paris, près de l’église de la Trinité. Dans un magnifique hall, nous avons été accueillis chaleureusement par Marie Gelly.

BlaBlaCar occupe deux étages. Au détour d’un couloir on croise de nouveaux jeunes employés qui font connaissance. Les lieux sont très “peps” et high tech. Des salles de repos permettent de s’affronter au babyfoot et de se détendre dans des fauteuils colorés. On découvre un environnement convivial où tout le monde est accueillant et souriant. De temps en temps on entend un jargon bien particulier qui leur est propre : “BlaBla-Talk” par-ci “BlaBla-Drink” par-là. Ambiance “west coast” à la Google.

À l’étage, au service produit, on croise Julien Pelletier , UX designer depuis deux mois chez BlaBlaCar. Cette interview a été réalisée dans le cadre de la découverte du métier d’UX designer et de son quotidien.

 

Quelle est ta formation et ton parcours professionnel ?

Photo de Julien Pelletier

Chaque interaction produit un effet sur son usager qui va lui offrir ou non une relation privilégiée à l’objet ou au service. C’est un concept qui se vit, s’expérimente et s’éprouve. Une expérience mémorable passe par son utilité, son “utilisabilité”, le désir qu’elle fait naître, la facilité à naviguer, son accessibilité ou encore sa crédibilité. Vous trouverez une définition plus détaillée sur le site référent français : ux-fr.com .

J’ai postulé comme product manager et on s’est finalement rendu compte que mon profil correspondait plus à celui d’un product designer. Actuellement j’endosse les deux rôles avec le côté UX designer. Mon poste reste à définir et va bouger dans les prochains mois, selon la façon dont la team va s’agrandir. BlaBlaCar m’offre la possibilité de choisir comment mon poste évolue.

J’ai commencé par deux ans en arts appliqués. J’ai ensuite bossé deux ans comme directeur artistique dans une agence de com’. Quand la boîte a fermé, j’ai travaillé chez un de leurs clients, une boîte d’expertise comptable pendant trois ans. Comme c’était une boîte avec beaucoup de moyens, des projets innovants et une vision très moderne du métier de comptable, je me suis mis à faire du product design sur des plateformes web, des applications mobiles et à faire de la conception. J’ai migré de designer marketing/communication à designer produit. J’ai ensuite monté une start-up dans l’économie collaborative. Sauf que des starts-up dans le domaine, ça fonctionne souvent après des années de galère, quand ça fonctionne ! Lorsque nous sommes arrivés à la fin de nos fonds propres, j’ai voulu reprendre une activité plus rémunératrice tout en continuant de changer le mode de consommation des gens. Il se trouve que BlaBlaCar est la boîte “phare” de l’économie collaborative en France, j’ai donc décidé de rejoindre leur équipe.

 

Comment décrirais-tu le métier d’UX Designer à un inconnu ?

Je pense qu’il y a deux choses. La première est d’essayer de rendre le produit ou le service le plus facile d’utilisation possible pour les utilisateurs. Il faut essayer de les faire réfléchir le moins possible. La deuxième est de faire intervenir le design émotionnel, essayer de rendre l’expérience covoiturage la plus sympathique possible.

 

Quelle est la partie la plus fun de l’UX ?

Le défi le plus “fun” est de résoudre les problèmes. Tu as des problèmes de types d’usages et il faut que tu trouves la meilleure solution. Tu es amené à te planter, mais tu vas pouvoir avoir des feedbacks des utilisateurs et itérer jusqu’à trouver la solution la plus simple.

Quand tu fais une rétrospective, tu te dis “C’est juste évident, il y a ce qu’il faut sur la page, ça fonctionne”. Là tu sais que tu as réussi. Arriver à la simplicité, c’est quelque chose de vraiment difficile à obtenir.

 

À quoi ressemble une semaine type chez BlaBlaCar ?

Une journée passe très vite et elles sont toutes tellement différentes… Le lundi matin on a un point produit avec les product managers et avec le product communication qui va communiquer en interne et en externe à propos des nouvelles fonctionnalités qui sortent sur les produits. On montre aussi chacun la façon dont on a avancé, on se montre des interfaces, on en débat, c’est super intéressant. C’est très important de le faire en début de semaine. On a aussi un point avec les community managers qui remontent les suggestions et les bugs rencontrés par les utilisateurs. J’essaye de pondérer les demandes des utilisateurs.

L’après-midi, je vais créer des prototypes et des interfaces pour essayer de les faire tester, itérer là-dessus. Voir avec les développeurs comment elles ont été intégrées dans les prochaines releases (=versions).

Il y a aussi toute une partie de recrutement, on recrute des UX designers, des product managers, des marketing designers. Le mercredi matin on a les Blabla-Talks. Toute la boîte est conviée à une conférence.

Le vendredi après-midi est dédié à tout ce qui est partage de connaissances. On a aussi un point produit plus axé sur la culture produit et on va faire le benchmark d’un concurrent, d’une start-up qui a des problèmes similaires aux nôtres. On a aussi un point de méthodologie, on fait des présentations sur nos expériences précédentes. Par exemple j’ai fait une présentation sur la start-up que j’ai montée et de ce que j’ai appris de cet échec. Ce sont des discussions très ouvertes. C’est une des parties de la semaine où on apprend le plus.

 

À quelle fréquence es-tu en contact avec les utilisateurs ?

Indirectement, j’ai des retours utilisateurs via les community managers. Il y a un programme qui a été mis en place par BlaBlaCar, qui permet de tester un maximum le service. On fait tous des covoiturages pour tester l’expérience régulièrement. Après tu suis une procédure pour donner ton feedback, qui retourne au product manager. Donc on reçoit tous les feedbacks des collaborateurs, et derrière, ça permet aussi d’avoir un fichier interne pour collecter des suggestions ou des retours de bugs.

Il y a des apéros qui sont donnés dans différentes villes, qu’on appelle des Blabla-drinks, avec les membres de la communauté. On rencontre du monde.

On ne peut pas faire d’UX design si on n’est pas au contact du produit et au contact des utilisateurs.

 

Quels sont les outils et les logiciels qui te sont le plus utiles ?

Ça commence par mon carnet ! Je fais tout au feutre (il ouvre son carnet et nous donne un aperçu sur ses croquis bariolés de marqueurs fluorescents et de notes). Après la façon dont je travaille, mon job c’est de créer des prototypes fonctionnels pour les applications et le site internet. J’utilise un logiciel de design d’interface qui s’appelle Sketch. Le problème du logiciel Axure, une fois que tu as créé ton prototype et que l’équipe l’a validé, tu le jettes. Quand tu utilises Photoshop ou Sketch (Sketch est en train de remplacer Photoshop dans le milieu du design d’interface), tu commences à faire des mockups de façon très sommaire. Ensuite, tu envoies tout dans un service qui s’appelle InVision, qui permet de créer des prototypes en ligne. Les deux outils sont synchronisés l’un avec l’autre. Ainsi, lorsque les mockups sont enrichis en phase de design dans Sketch, le prototype InVision s’enrichit en même temps et devient de plus en plus fidèle au produit qui sera au final livré.

 

Quels conseils donnerais-tu à un UX designer junior ?

Ce serait vraiment d’utiliser un maximum son produit, je ne pense pas qu’on puisse être UX designer si on n’utilise pas son produit ou son service. Toujours se demander “pourquoi”. Un UX designer il demande toujours “pourquoi” et il répond toujours “ça dépend”. Tout dépend du contexte, de la nationalité de l’utilisateur, de leur âge, etc.

En cherchant toujours à savoir comment les choses fonctionnent, on arrive à créer une expérience utilisateur satisfaisante.

 

Pour conclure

Nous avons été impressionnés par la beauté des locaux, mais surtout par la gentillesse et la simplicité des employés. Il fait bon de travailler chez BlaBlaCar. Et ils recrutent ! Cette interview nous a permis de prendre conscience du besoin en UX designer sur le marché du travail. En effet ils peinent à recruter, faute de profils adéquats. C’est un métier en fort demande.

Un grand merci à Julien Pelletier pour s’être rendu disponible et avoir répondu à toutes nos questions. Nous remercions également chaleureusement Kévin Deniau PR manager pour nous avoir permis cette rencontre et pour nous avoir agréablement accompagné.

Lucile Hertzog